L’histoire du sucre de betteraves

L'intérieur d'une ferme-sucrerie vers 1830. Cl. T. Lefébure L’intérieur d’une ferme-sucrerie vers 1830.
Cl. T. Lefébure

©Inventaire général – Région Picardie / CEDUS
L'intérieur de la sucrerie de Villenoy, près de Meaux.Cl. T. Lefébure L’intérieur de la sucrerie de Villenoy, près de Meaux.
Cl. T. Lefébure

FIGUIER, Louis. Les merveilles de l’industrie, t. III. – Industrie chimiques : le sucre, 1871, p. 129, fig. 50.


©Inventaire général – Région Picardie
Colonnes de distillation à Origny-Sainte-Benoîte (Aisne). Colonnes de distillation à Origny-Sainte-Benoîte (Aisne).
©Tereos

Depuis le milieu du XVIIIe siècle, on sait que la betterave possède dans sa racine un sucre identique à celui de la canne. Jusqu’au début du XIXe siècle, la betterave reste cependant une plante cultivée pour nourrir le bétail. Le blocus continental de 1806, qui empêche les navires britanniques de décharger leurs marchandises dans les ports d’Europe, notamment le sucre de canne en provenance des colonies britanniques, plonge très vite la France dans une pénurie de sucre. Napoléon Ier décide alors de favoriser la plantation massive de betteraves pour en extraire le sucre. En 1812, l’industrie du sucre de betteraves était née ! Cependant, la chute de l’Empire entrainant la fin du blocus en 1815, provoque le retour massif du sucre de canne en métropole et la disparition de la plupart des premières fermes-sucreries qui s’étaient lancées dans l’aventure.

Il faut attendre le second quart du XIXe siècle pour assister à la relance de l’activité, notamment dans le Nord et en Picardie. De véritables usines, qui abritent d’importantes machines, voient désormais le jour. L’essor de la filière profite à la Picardie qui devient la première région française productrice de sucre à partir de 1876.
Mais après 1880, la surproduction sature le marché et entraine l’effondrement du cours du sucre. Pour endiguer le phénomène et ralentir la production, le gouvernement prend plusieurs mesures et encourage les fabricants de sucre à se tourner vers les distilleries d’alcool de betteraves.
La relance amorcée au début du XXe siècle est stoppée nette avec la Première Guerre mondiale. Les usines situées au cœur des zones de combat sont dévastées. La reconstruction va prendre du temps, et ce n’est qu’après 1947, avec le plan Monnet, que le niveau de production de sucre connaît une forte hausse. Désormais, les sucreries sont de moins en moins nombreuses mais soutiennent une productivité toujours plus importante, grâce à une automatisation croissante, qui réclame de lourds investissements. Les sucreries familiales disparaissent alors au profit de quelques grands groupes.

Au cours des années 1960, la production sucrière est intégrée au sein de la Politique Agricole Commune (PAC), qui impose des quotas de production et un équilibre entre états membres. Cette politique est renforcée en 2005 et conduit la filière à une réorganisation complète à l’échelle européenne. La réforme prévoit la fermeture de plusieurs sucreries et encourage les investissements vers la production d’éthanol servant de carburant aux voitures.