Travailler et vivre à la sucrerie

Décolletage des betteraves en plein champ, début du XXe siècle. Décolletage des betteraves en plein champ, début du XXe siècle.
©Deleplanque
Les travailleurs du sucre

Le travail à la sucrerie n’occupait pas seulement les habitants du village, ni même ceux des environs. Avant la mécanisation, les travaux des champs nécessitaient l’emploi de nombreux ouvriers saisonniers, qui travaillaient pour beaucoup à la ferme Fresnel, mais aussi à la sucrerie pour des tâches souvent assez rudes. Suivant les époques, ils sont venus de Belgique, puis de Pologne, de Yougoslavie et d’Italie, avant l’Afrique du Nord au cours des Trente Glorieuses. Mais ce travail saisonnier attira aussi les travailleurs d’autres régions françaises, comme ces centaines de Bretons qui, chaque année arrivaient en Picardie pour la « campagne », et qui finirent parfois par s’y installer.

Si les hommes sont majoritaires dans l’usine, les femmes n’en sont pas absentes pour autant. Au milieu des champs de betteraves, les femmes s’affairent au binage*, au démarriage** et au décolletage***. Elles sont aussi chargées du nettoyage des betteraves d’échantillonnage, de l’entretien des ateliers et de certaines tâches de laboratoire. A Francières, elles réparaient aussi les sacs de conditionnement en jute et préparaient les repas de la cantine.

Ces conditions de travail difficiles ont parfois été améliorées grâce à l’action du syndicat, la CGT, et du comité d’entreprise : après 1945, le mouvement ouvrier succède en effet aux engagements sociaux des patrons de la première moitié du XXe siècle.

 

* Binage : action de retourner la terre en surface pour l’ameublir.
** Démarriage : action d’éclaircir les semis.
*** Décolletage : action de couper le collet (zone de transition entre la racine et la tige) et les feuilles de certaines racines cultivées (betterave, carotte, etc.).